Optez pour un audit des risques sociaux pour assurer la pérennité de l’entreprise.

Les risques sociaux, qui englobent aussi les risques psychosociaux doivent faire partie des préoccupations de toutes les entreprises tant leur pérennité peut en dépendre. En effet, avant et encore plus aujourd’hui avec les mutations profondes que connait notre société et le boom des risques psychosociaux, il est fondamental d’apporter un soin particulier à l’identification de ces risques, leur prévention et leur gestion.
C’est tout l’objet de l’audit des risques sociaux qui va permettre de faire un point sur la situation des salariés et le climat social qui règne dans l’entreprise. Et c’est seulement à ce prix que l’entreprise sera à même de mettre en place les mesures nécessaires.

Mais qu’est-ce que le risque social ?

C’est l’ensemble des facteurs internes et externes à l’entreprise d’origine humaine, sociale, économique, législative, politique qui sont susceptibles d’affecter temporairement ou durablement le fonctionnement de l’entreprise, voire la faire disparaitre.
Il peut être lié à une dégradation du climat social qui entraine une baisse de l’efficacité collective au travail, une augmentation indésirable du turn-over, une poussée de l’absentéisme, voire un mouvement social ou encore un suicide de salarié.

Si les risques externes à l’entreprise tels que la promulgation d’une nouvelle loi ou une action en justice relayée par les médias sont difficilement maîtrisables, il n’en va pas de même des risques internes. En effet, ces derniers étant liés à la politique menée par l’entreprise et au management de celle-ci, il est possible d’agir. Pourtant, très souvent, les équipes dirigeantes négligent ce risque jusqu’à ce que des évènements ayant des conséquences néfastes surviennent. Conditions de travail dégradées, absence d’encadrement adéquat et de prise en compte des attentes des salariés, mauvaise communication interne, sont autant de facteurs qui peuvent dégrader le climat social.

De plus, la prévisibilité du risque est beaucoup plus aléatoire aujourd’hui. Pour Hubert Landier, Expert en relations sociales « l’entreprise présente un nœud d’interdépendances extraordinairement complexe, elle met en relation des hommes, des technologies, qui n’ont plus ni frontières, ni limites. Il en résulte que l’effet « aile de papillon » a de plus en plus de chances de se produire ».

Ne pas négliger l’audit accident du travail et maladie professionnelle.

Le coût financier des accidents du travail et des maladies professionnelles ne peut être pris à la légère tant il peut être considérable. Pourtant, beaucoup d’entreprises le négligent encore et ne le connaissent pas réellement. C’est pourquoi, un certain nombre de sociétés proposent de réaliser un audit qui est en réalité une analyse des différents éléments qui permettent le calcul des taux d’AT/MP afin de les évaluer et d’engager toute les mesures nécessaires pour les faire rectifier si besoin. En plus de cette potentielle économie, les sociétés d’audit proposent aussi de réaliser un rapport qui va mettre en lumière les enjeux que représentent les AT/MP l’entreprise et ainsi d’adapter la politique de santé et sécurité à ces enjeux.

Gérer et prévenir le risque d’absentéisme grâce à une politique de contre-visite médicale.

A priori la mise en œuvre d’une politique de contre-visite médicale peut sembler contradictoire à la prévention du risque d’absentéisme et aller à l’encontre du mal-être que peuvent ressentir certains salariés. Pourtant, elle permet en réalité d’améliorer les conditions de travail des salariés présents. Si l’absentéisme peut trouver sa cause dans une dégradation du climat social, il peut aussi être le fait de certains individus laxistes. Grâce à la contre-visite médicale, les salariés présents en entreprise ne se retrouvent pas dans une situation qu’ils perçoivent comme injuste et ceux qui avaient tendance à s’absenter sans raison médicale valable s’en trouvent dissuader. Pour mettre en place une telle politique, il suffit de recourir aux services d’une société spécialisée qui mettra en place des contrôles médicaux en fonction des besoins.

Auditer et mesurer le climat social…

L’audit et la mesure du climat social consiste à évaluer les facteurs de risque en analysant ce que pensent les salariés des ressources humaines, du management et de façon plus générale de l’organisation et la politique menée au sein de l’entreprise. Pour parvenir à cette évaluation, il est possible de mettre en place un questionnaire auquel les salariés répondent anonymement. L’idée est de prendre la température au sein d’un ou plusieurs services, ou de l’entreprise entièrement. Le baromètre pourra être différent si les salariés d’une même entreprise ne sont pas tous soumis à la même politique et organisation. Par exemple, il pourra être différent suivant s’il concerne l’usine de production ou l’entité de distribution du produit.

Cet outil permet d’établir un diagnostic précis des éventuels problèmes sociaux et psychosociaux si les réponses obtenues permettent de savoir :
- si les salariés travaillent dans le stress,
- quel est leur degré d’implication,
- s’ils sont motivés et performants,
- s’ils sont satisfaits de leurs conditions de travail et de leurs rémunérations,
- s’ils se sentent reconnus, écoutés et en somme satisfaits du management de leur service en général ou de leur supérieur en particulier,
- ce qu’ils pensent de la communication interne (…)

Autant de réponses que beaucoup appréhendent mais ne se posent pas. Pourtant, cet audit peut être fait en interne et permettre de collecter des informations régulièrement. Au-delà du baromètre, la régularité des entretiens annuels et semestriels accompagnés de comptes-rendus bien rédigés permet d’assurer un suivi des attentes des salariés de l’entreprise par exemple. Cependant, pour un audit plus poussé, il ne faut pas hésiter à faire appel à une société spécialisée et indépendante de l’entreprise. Un auditeur externe aura la possibilité de consacrer plus de temps à la mission que si celle-ci est confiée à une personne de l’entreprise, pourra mener des entretiens individuels, obtenir des informations plus facilement… Il aura aussi une méthode bien précise à déployer car c’est un spécialiste avec un regard objectif car externe mais sa mission devra être clairement définie par l’entreprise afin qu’elle se déroule dans les meilleures conditions possibles.

… pour mieux prévenir le risque et mettre en place une politique sociale adaptée.

Réorganiser un service, redéfinir les missions de chacun, alléger certains postes, mieux gérer les temps de travail des uns et des autres et la séparation vie privée/vie professionnelle sont autant d’exemples visant à prévenir le risque social. Mais aussi formations des managers et de leurs salariés, respect des règles relatives à la santé et la sécurité au travail, adaptation des postes de travail et amélioration des conditions de travail par l’acquisition de mobilier ou le remplacement des ordinateurs les moins performants … Certes, cela a très souvent un coût non négligeable mais permet aussi d’éviter des problèmes bien plus graves. Cela permet surtout de « préserver le capital immatériel de l’entreprise » selon la formule d’Hubert Landier qui insiste aussi sur le fait qu’il est de plus en plus difficile de jouer son rôle social d’encadrement correctement. « Il ne sera peut-être plus possible aux entreprises de jouer sur les augmentations de salaire, mais il leur sera toujours possible – et ce sera pour elles de plus en plus important – de se préoccuper de l’ambiance au travail, des possibilités d’évolution, de l’intérêt des tâches… » conclut-il dans son ouvrage "Le management du risque social".

Laurine Tavitian.

Article initialement publié dans le Journal du Management Juridique n°55.

Rédaction du site des Experts de l’entreprise.