Cloud : 10 conseils pour assurer la sécurité de vos systèmes d’information en entreprise.

Face à l’adoption massive des offres Cloud par les entreprises, le Club des Experts de la Sécurité de l’Information et du Numérique se mobilise et communique sur les bonnes pratiques à adopter.
Il tire la sonnette d’alarme face aux offres Cloud, et a confronté ses membres et un panel de spécialistes, dont l’Agence nationale de la sécurité des système d’information (Anssi), la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) et des juristes spécialisés, afin d’élaborer 10 recommandations issues de la réflexion et du partage d’expériences.

Selon les résultats du baromètre Cesin-OpinionWay 2016, 85% des entreprises stockent des données dans un Cloud.
Si la pratique tend à se banaliser, face aux enjeux induits par l’émergence des offres disponibles sur le marché, le Club des Experts de la Sécurité de l’Information et du Numérique (Cesin) [1] met en garde les dirigeants d’entreprises contre certaines dérives.

Les grandes décisions en matière d’externalisation massives de données dans le Cloud entrainent une profonde évolution du système d’information de l’entreprise et des métiers qui le gèrent. Une des grandes tendances constatées ces derniers mois par le Cesin, concerne les projets de migration vers Office 365. En cas de recours à l’option Cloud, cette migration pose des interrogations cruciales puisqu’elle modifie à la fois les usages, une partie de la stratégie de la Direction des systèmes d’information (DSI), les politiques de sécurité des systèmes d’information (PSSI) et leurs modes de contrôle.

Les débats menés entre les membres du Cesin, les spécialistes de l’Anssi, de la CNIL et les juristes spécialisés ont amené plusieurs pistes de réflexion portant sur :
- la localisation des données, qui se heurte aux réglementations européennes,
- la protection des données liée à une exposition nouvelle dans des clouds publics,
- le niveau de sécurité proposé par l’éditeur pas toujours à la hauteur des enjeux des plus exigeants,
- la perte de maitrise en matière de traçabilité des actions,
- la négociation des contrats avec les géants de cette industrie, qui nécessite une véritable expertise,
- les difficultés voire l’impossibilité d’auditer les solutions,
- les risques d’enfermement et donc l’irréversibilité de certaines solutions.

Charles Schulz, membre du bureau de la politique industrielle à l’Anssi évoque les travaux en cours sur le référentiel « secure cloud ». Ce dernier aboutira à la certification des offreurs, libres d’en faire la demande. Quant aux accords commerciaux, il précise : « Si vous êtes dans une société multinationale évitez les contrats locaux et négociez un contrat global groupe, cela donne plus de poids à la négociation ; en outre exigez un contrat rédigé en français et signé dans un pays européen. Les phrases du type "seule la version anglaise fera foi" n’ont pas de valeur légale et doivent être supprimées. »

La version publique du référentiel de l’Anssi sur le Cloud est prévue pour le second trimestre 2016.

L’externalisation étant un choix stratégique pour les entreprises et les administrations, il est fondamental d’être accompagné dans la mise en œuvre de ce choix.
Indépendamment de la négociation des contrats, les réglementations sectorielles doivent être intégrées, et les bonnes pratiques juridiques opérationnelles prises en compte dès le début du projet (localisation des données, politique de sous-traitance, quelle protection de la propriété intellectuelle, du patrimoine informationnel ? Quelles sont les mesures de protection des données personnelles ?…).

In fine, un contrat ne doit pas rester figé, il doit refléter l’accord des parties tout au long de son éxécution, d’autant que sa durée peut être longue, notamment dans le cadre des renouvellements par tacite reconduction.

Les 10 recommandations du Cesin face aux projets Cloud :
- 1. Estimez la valeur des données que vous comptez externaliser ainsi que leur attractivité en termes de cybercriminalité.
- 2. S’il s’agit de données sensibles voire stratégiques pour l’entreprise, faites valider par la DG le principe de leur externalisation.
- 3. Evaluez le niveau de protection de ces données en place avant externalisation.
- 4. Adaptez vos exigences de sécurité dans le cahier des charges de votre appel d’offre en fonction du résultat du point 1.
- 5. Effectuez une analyse de risque du projet en considérant les risques inhérents au cloud comme la localisation des données, les sujets de conformité et de maintien de la conformité, la ségrégation ou l’isolement des environnements et des données par rapport aux autres clients, la perte des données liée aux incidents fournisseur, l’usurpation d’identité démultipliée du fait d’une accessibilité des informations via le web, la malveillance ou erreur dans l’utilisation, etc. Sans oublier les risques plus directement liés à la production informatique : la réversibilité de la solution et la dépendance technologique au fournisseur, la perte de maîtrise du système d’information et enfin l’accessibilité et la disponibilité du service directement lié au lien Internet avec l’entreprise.
- 6. Outre ces sujets, exigez un droit d’audit ou de test d’intrusion de la solution proposée.
- 7. A la réception des offres analysez les écarts entre les réponses et vos exigences.
- 8. Négociez, négociez.
- 9. Faites valider votre contrat par un juriste. Si vous êtes une entreprise française, ce contrat doit être rédigé en français et en droit français.
- 10. Faites un audit ou un test d’intrusion avant démarrage du service (si cela est possible) et assurez-vous du maintien du niveau de sécurité de l’offre dans le temps.

Source : Cesin.

Rédaction du site des Experts de l’entreprise.


Notes

[1Le Club des Experts de la Sécurité de l’Information et du Numérique est une association loi 1901, créée en juillet 2012, avec des objectifs de professionnalisation, de promotion et de partage autour de la sécurité de l’information et du numérique.